Transport aérien au Gabon : Afrijet et FlyGabon dénoncent une hausse « sans précédent » des taxes passagers

À la veille de l’entrée en vigueur d’une nouvelle taxe aéroportuaire prévue pour le 1er juin 2025, les compagnies Afrijet et FlyGabon tirent la sonnette d’alarme. Elles dénoncent une augmentation de 133 % de la taxe de sûreté « WZ », décidée sans concertation préalable, et appellent à une révision urgente de la fiscalité aérienne au Gabon.
Le 30 avril dernier, le ministère des Transports a annoncé un « changement des taxes de sûreté aéroportuaire sur les passagers dans les aéroports du Gabon », sans consultation des compagnies aériennes ni étude d’impact sérieuse. Cette décision, prise de manière unilatérale, fait craindre une hausse significative du prix des billets, au moment même où le secteur peine à se redresser après les conséquences de la pandémie de Covid-19.
Afrijet et FlyGabon regrettent d’avoir été mises devant le fait accompli, alors qu’elles sont les premières concernées. Elles dénoncent une mesure qui fragilise davantage les opérateurs aériens et détériore leur image auprès des passagers, en les transformant en simples collecteurs d’impôts.
Une accumulation de taxes problématique
La taxe « WZ » ne vient pas seule. Depuis 2022, plusieurs prélèvements se sont empilés sur les billets d’avion, notamment la taxe d’infrastructure « R4 » censée financer la construction d’un nouveau terminal à l’aéroport de Libreville dont les travaux n’ont toujours pas commencé ainsi que la taxe de sécurité « N7 » introduite en 2024 pour soutenir les activités de l’Agence nationale de l’aviation civile (ANAC).
Pour les compagnies aériennes, cette accumulation de charges menace la viabilité du secteur. Elle décourage les voyages et réduit l’attractivité du Gabon comme destination économique ou touristique.
Dans un geste d’apaisement, Afrijet/FlyGabon a décidé de différer l’application de la nouvelle taxe « WZ » sur les billets émis dans ses agences commerciales. La suspension est valable jusqu’au 1er octobre 2025, dans l’espoir de limiter l’impact sur les voyageurs durant la haute saison estivale.
Cette initiative vise à amortir le choc pour les passagers, tout en appelant les autorités à rouvrir le dialogue. Mais la compagnie précise qu’elle ne pourra pas maintenir cette mesure indéfiniment sans compromis ni réforme en profondeur.
Un appel à une réforme du financement du transport aérien
Pour Afrijet/FlyGabon, il est urgent de repenser la manière dont le secteur aérien est financé au Gabon. Elles plaident pour plus de transparence dans l’usage des fonds collectés, une évaluation rigoureuse des dispositifs actuels et une rationalisation des dépenses publiques dans l’aviation civile.
Les compagnies demandent également une meilleure implication des acteurs privés dans les décisions qui les concernent, afin d’éviter de nouvelles décisions abruptes susceptibles de fragiliser l’écosystème aérien national. L’appel lancé par Afrijet/FlyGabon met en lumière le besoin d’un dialogue structurel entre les pouvoirs publics et les opérateurs du secteur aérien. Dans un contexte où la mobilité reste essentielle au désenclavement du pays et au dynamisme économique, trouver un équilibre entre fiscalité, accessibilité et viabilité économique devient plus que jamais une urgence.